Confondant la plupart des prévisionnistes, le commerce international a orchestré une solide relance après le début de la pandémie. Alors qu’on s’attendait à une reprise prolongée comparable à celle de la crise financière mondiale de 2008, cette fois-ci, c’est une reprise en forme de V qui s’est imposée. Depuis ce rebond initial, l’élan a été ralenti par les vagues successives de la COVID-19, qui ont causé des fermetures totales ou partielles de l’activité dans divers pays et régions.

Le volume des exportations mondiales a suivi une tendance ascendante, et se situe en ce moment à un niveau de 6 % supérieur à celui d’avant la pandémie. Cette excellente nouvelle voile néanmoins une autre réalité : la croissance inégale des exportations. En effet, collectivement, elle est de seulement  1,5 % dans les économies avancées alors qu’elle grimpe à 16 % sur les marchés émergents. La pandémie est à l’origine de ce déséquilibre qui a déstabilisé les chaînes d’approvisionnement mondiales, la congestion de nature frictionnelle étant une entrave au mouvement des biens aux quatre coins du globe.

Malgré ces bouleversements majeurs, la demande reste vigoureuse grâce à la solidité des fondamentaux d’avant la pandémie et une abondante demande comprimée, qui est alimentée par les mesures publiques ayant temporairement mis à l’arrêt des pans importants de l’économie. Cette demande est l’élément fondamental sur lequel se fondent nos prévisions : nous tablons sur une robuste progression des exportations cette année et l’an prochain, et cette croissance au-dessus de la moyenne se poursuivra jusqu’en 2023.

La tenue des exportations canadiennes de biens illustre parfaitement la dynamique de la relance mondiale. Les exportations du Canada vers le monde sont de 10 % supérieures au niveau d’avant la crise sanitaire, et la croissance est particulièrement impressionnante depuis trois mois. Pourtant, la performance reste nettement inégale entre les secteurs. Après une mise à l’arrêt presque totale, l’industrie automobile a redémarré et ses exportations sont remontées en quelques semaines au niveau d’avant la pandémie. Cependant, en raison de la pénurie mondiale de semi-conducteurs, les exportations de cette filière ont marqué le pas et se maintiennent à 75 % du niveau d’avant la pandémie. 

Pour l’heure, sept des 11 secteurs exportant des marchandises ont vu leurs exportations se hisser largement au-delà des niveaux prépandémiques. À ce chapitre, les produits forestiers et l’exploitation minière mènent le bal, à la faveur d’une demande mondiale en effervescence. Les secteurs des produits chimiques et des plastiques font également belle figure. En ce qui concerne les exportations énergétiques, elles ont repris du mieux après avoir été mises à rude épreuve aux premiers jours de la pandémie. Les exportations alimentaires et de biens de consommation, quant à elles, restent robustes. 


À l’échelle mondiale comme au Canada, le commerce des services continue de pâtir de la relance en forme de L. Même si les services commerciaux ont résisté, les restrictions à la frontière et les quarantaines obligatoires continuent d’entraver les voyages et les déplacements internationaux. De l’avis de l’équipe des Services économiques d’Exportation et développement Canada (EDC), la levée des restrictions s’accompagnera d’une poussée de la croissance après le timide rebond initial. 

La vivacité de la demande continuant de propulser la croissance, nous prévoyons que l’économie mondiale poursuivra cette année et l’an prochain son expansion à un rythme qui dépasse considérablement la tendance à long terme. Une ouverture plus marquée des frontières et la vigueur persistante de la demande se traduiront par une croissance supérieure à la tendance en 2023. Ainsi, selon nos prévisions, l’économie mondiale inscrira une croissance de 6 % cette année, puis de 5,5 % en 2022. 

Après avoir fléchi de 13 % en 2020, la croissance des exportations canadiennes augmenterait, selon les estimations, de 17 % cette année et d’à peine 3 % en 2022. L’an prochain, la contraction  touchera surtout les exportations forestières puisque les cours redescendront de leurs sommets insoutenables – qui demeurent nettement supérieurs au niveau moyen d’avant la pandémie. La diminution des cours pèsera aussi sur les exportations énergétiques et aura un effet semblable sur les exportations de minerais et de métaux. En revanche, les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique, de la machinerie et de l’équipement industriels, des technologies de pointe et des services afficheront une croissance dans les deux chiffres; ils seront, du coup, récompensés de leur patience en 2022.

L’évolution des cours occupe une place centrale dans cette édition des Prévisions à l'exportation. Cette année, la croissance sera en grande partie portée par une envolée de 14 % des cours, en particulier dans l’énergie, les métaux de base et les produits du bois. De manière générale, la progression des cours se ralentira en 2022 . Le volume des exportations s’appréciera de 6 %, en phase avec le retour à la normale de l’activité des chaînes d’approvisionnement mondiales et des réseaux de transport maritime. 

La croissance des exportations canadiennes vers les économies avancées éclipsera celles vers les marchés émergents cette année (+22 % contre +13 %). S’agissant des exportations vers nos principaux partenaires commerciaux, celles vers le Japon se hisseront au sommet du classement et détrôneront la Chine, qui occupait le premier rang après le rapide rebond de son activité. Néanmoins, cette année, le Japon, les États-Unis et l’Allemagne ont rattrapé le terrain perdu et dépassé la Chine. Éprouvées par la crise et les difficultés du secteur automobile, les exportations vers le Mexique sont revenues au niveau d’avant la pandémie. Dans ce contexte, nous tablons sur une amélioration de la conjoncture économique au Mexique l’an prochain.

Conclusion?

Nos prévisions sont soumises à un niveau plus élevé d’incertitude qu’à l’habitude compte tenu de l’effet combiné de la pandémie de COVID-19 – qui bouscule toujours l’économie mondiale – et la présence d’une forte demande comprimée. Il sera capital de maîtriser la pandémie; à cet égard, des éléments confirment que nous nous dirigeons vers la phase endémique, plus stable. Cela dit, tout développement négatif risquerait de se traduire par la prise de mesures limitant l’activité. Parallèlement, le déploiement de la demande comprimée pourrait stimuler la croissance et pousser les entreprises à investir davantage, ce qui porterait la croissance au-delà de nos prévisions à court terme. Pour l’heure, dans le cadre de notre scénario de référence, nous présumons que les éclosions au Canada et chez nos principaux partenaires commerciaux seront relativement contenues à moyen terme. Les entraves à l’activité économique seraient alors moins importantes que celles déjà observées par le passé.

 

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